FAIRE DURER LE BEAU, FAIRE AIMER LE DURABLE.

Lucille LÉORAT - Fondatrice de Leftovers dits L/overs

Par: Aurélie ROUTHIER

Le seul nom de Leftovers dits L/overs nous séduit tout comme il nous questionne : comment des restes (leftovers) pourraient se charger d'autant de désirabilité (lovers) ? Et si les laisser-pour-compte étaient ceux qu'on devait chérir et qui allaient nous le rendre, fois mille ! C'est en tout cas l'engagement de Lucille Léorat, cette ancienne Directrice artistique d'une grande marque de cachemire, qui s'est lancée dans l'aventure de la mode circulaire il y a 3 ans. 

Passionnée de la belle maille, Lucille nous confirme par son sublime vestiaire que le durable est non seulement ce qui est fait avec du sens, mais aussi ce qui dure dans le temps - parce qu'ultra qualitatif et indémodable. En un mot, le beau durable.

Raconte-nous comment est né L/overs ? 

Ca faisait longtemps que je réfléchissais à poursuivre une démarche plus vertueuse dans l’exercice de mon travail. Dans mon métier d’avant j’avais déjà fait des petites pas vers le “mieux-faire", par exemple en labellisant toute la collection Oeko-Tex. Mais on en était qu’au début et comme on le sait il y a beaucoup de contraintes et de lourdeurs dans une marque établie, ce qui empêche d’aller vite et d’avoir un vrai impact. J’avais des idées et surtout une furieuse envie d’entreprendre. Et il se trouve que sur le marché de la maille il y avait beaucoup d’acteurs mais très peu de choses qui cumulait le (vraiment) vertueux et la (vraiment) haute qualité. Tout était aligné, j’ai donc sauté le pas ! L/overs est né fin 2018.

Comme chez Saudade, tu pars de la contrainte de la matière première, raconte-nous ton processus de création ?

La démarche est simple, du moins à énoncer ! c’est vraiment de fabriquer des vêtements avec ce que nous trouvons dans les usines. Le processus créatif est à l’inverse de celui de l’industrie : chez L/overs, c’est  la disponibilité de la matière qui dicte l’inspiration, le rythme et les quantités de production. Les pièces sont proposées au fur et à mesure de leur disponibilité, en quantité limitée.

J'achète les leftovers de cashmere, je débarrasse les usines. Je ne fabrique aucune matière première...On permet aux usines de se débarrasser de leur stock et on les aide à se labelliser, on est un peu des designers RSE de choc.

Le tricotage est fait à partir des fils résiduels des plus grandes Maisons, que je sélectionne méticuleusement. J’aime ce côté chasse aux trésors : que vais-je faire de ces dizaines de mètres de fils jaune vif ou rose clair ? Partir de la contrainte rend malin et incontestablement plus créatif !

Upcycling et haute qualité font donc bon ménage?

Le design doit être temporel, la matière noble, et la fabrication exigeante. Si on rassemble ces 3 dimensions  alors on peut commencer à parler de durable !

En matière de fabrication par exemple, si je prends le tricot, je veux que cela soit très serré, qu’il y ait plus de matière pour que ce soit vraiment résistant dans le temps et que le vêtement ne se déforme pas, même après moultes lavages. Je pense à la vie de mon produit tout comme au confort de mes clients. Je veux que les gens me disent " j'ai chaud, je suis bien, je suis tenue".

Donc je dirais que sans qualité point de durable et si l’upcycling n’est pas intégré dans une démarche de qualité alors on reste à la moitié du chemin. Cela doit être non seulement vertueux pour la planète mais aussi pour celui qui achète.  Acheter de la qualité et donc du durable, c’est consommer moins.

3 adjectifs pour décrire la garde-robe L/overs ?

Unisexe - Intemporelle - De qualité

Allez j’en rajoute un petit dernier : fun !

Qui est la/le lover de L/overs ?

Un homme ou une femme exigeant. Trendsetter car ne cherchant pas  un nom ou une marque mais d’abord un produit, une démarche...Sensible au fait que la marque soit confidentielle et portée par une styliste entrepreneuse...qui y met du cœur !

La pièce signature de ton vestiaire ?

Le poncho réversible 4 fils et le hoodie mixte oversized réversible 2 fils.

D'autres matières que tu as explorées dans ta démarche d'upcycling

La soie (foulards assemblés en patchwork), le cuir (pantalons et jupes), le drap de laine (caban mixte). 

Le seconde-main et le vintage sont partout en ce moment. Ça va dans le bon sens selon toi?

Oui bien sûr mais attention ! Le vintage s'arrête aux années 80 (de 50 à 80). Après, le vintage n’a aucun intérêt. Les vêtements sont moins bien fabriqués, on a juste cherché à faire vite et moins cher. Je crois d’ailleurs que c’est pareil pour les tapis vintage Saudade, ils datent d’avant le déclin des bonnes pratiques !

On est tous en quête de mieux-faire, mieux-consommer.  Dans quel autre domaine essaies-tu d'être plus responsable?

La nourriture en premier lieu. J’ai toujours cuisiné, tous les jours et beaucoup, ayant 3 fils et un mari à nourrir ! Et puis tous les produits qu’on consomme, je suis une ménagère avant tout !! :). Après, là aussi on fait ce qu’on peut avec ce qu’on sait et ce que le marché nous offre, mais années après années les consciences s’ouvrent et s’aiguisent. On va vers du mieux en matière de bonne consommation.

As-tu une marque ou une personne que tu aimerais nous faire connaître?

Claire Auzouy, fondatrice des Huilettes, les huiles cosmétiques vegan et bio, et Pascale son associée, la chimiste qui crée les formules. Ce sont des femmes de coeur que j’admire, et les produits sont vraiment topissimes.

T’es plutôt Mère Coussins ou Dame Tapis?

 Coussins à fond !! J’ai des coussins partout dans ma maison, même dans la voiture!

La question Saudadienne de la fin : l'objet chez toi qui incarnerait le mieux l'idée de la Saudade ? 

Devinez ! c’est un objet bien plié dans mon placard...mon plus gros et plus chaud pull en cashmere !  Quand tu as froid au cœur et à l'âme tu enfiles un pull en cashmere et instantanément tu te loves dans une caresse de Saudade, aussi mélancolique que réconfortante !

LE SOLEIL DU SUD DANS UN COCON PARISIEN
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Une maison à Lisbonne comme un songe en été
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L'oeil de l'artiste, la main de l'artisan.
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