« L'échappée belle »

LUCILLE GAUTHIER-BRAUD - Directrice Beauté du Bureau Peclers

Par: Aurélie ROUTHIER

On a rencontré Lucille dans sa grande maison de la fin du 17ème en Anjou, immergée dans le vert et le silence. Après nous avoir parlé avec jubilation de sa roseraie et de son potager, elle a ouvert une discussion sur les pierres de Bourgogne. On a eu du mal à croire qu’il y a encore quelques mois, elle menait une vie tambour battant à Paris, entre son appartement dans le cœur du Marais et son bureau à quelques pas de la place des Victoires. 

Lucille et sa famille font partie de ces Parisiens qui ont sauté le pas après les années Covid, pour le meilleur et le … bien mieux ! Si le retour aux sources de cette fille de l’Ouest, comme elle se décrit, nous a forcément parlé, c’est surtout la manière dont elle investit son nouvel intérieur et y trouve une inépuisable source de régénération, que nous voulions vous partager ici. 

Dans ton métier, tu captes les signaux, marqueurs des tendances de demain. Quel a été le ou les signaux qui t’ont décidée à changer de vie et surtout de lieu de vie ?

Il faut croire que j’ai été rattrapée par ce que j’observe en termes de tendance sociétale: les néoruraux, ex-urbains qui vivent en mode « Flex-Life » pour vivre à la campagne tout en gardant leur job : c’est moi ! À ce détail près que je ne suis pas parisienne. Cette nouvelle vie, c’est surtout un retour aux sources, près de ma famille et de nos amis, ici, dans l’ouest.

Cela faisait quelques années que j’avais envie de vivre autrement, j’avais l’impression de me couper peu à peu de l’essentiel même si tout semblait « parfait », cette vie ne nous ressemblait plus. 

La nature me manquait, je passais mes soirées à booker les prochains week-ends. Et puis, je voulais surtout proposer une autre perspective des choses à mes deux enfants. Le Covid a été l’accélérateur et ce qui a rendu ce projet possible. Mon mari est éditeur de musique, je travaille pour un bureau de conseil en innovation créative alors vivre loin de Paris n’était pas envisageable avant ce bouleversement. On avait mille raisons de renoncer tellement tout a été compliqué mais on a tenu bon. On peut se planter, on apprend, on avance. La vie est une aventure ! 

3 mots pour décrire ta nouvelle maison ?

Hors du temps – attachante – élégante et simple en même temps.

C’est une vieille endormie qui a été longtemps délaissée, une belle gentilhommière qui a eu mille vies. Elle se mérite, elle est très attachante, l’ancienne propriétaire qui l’a achetée deux fois dans sa vie, a changé d’avis lors de la vente, aujourd’hui encore elle vient souvent nous dire qu’elle lui manque. C’est un lieu hors du temps.

Dans son livre Philosophie de la maison, l’espace domestique et le bonheur, le philosophe Emanuele Coccia parle de “faire maison”, c’est ce qui s’est passé ? 

Oui, c’est tout à fait ça. C’est vraiment mon lieu de vie. Face à ce monde toujours plus « bruyant » et digitalisé, on a plus que jamais besoin d’un environnement qui apaise et réancre. Ici, c’est plus que des murs, il y a la maison mais aussi le jardin, les arbres, les animaux, rien n’est figé, tout est en mouvement. C'est tout un écosystème qui compose avec nous. 

Qu’est-ce qu’avoir du goût pour toi ? 

Selon moi, avoir du goût c’est surtout savoir apprécier la beauté des choses. Impossible de juger celui qui a ou n’en a pas. 

Tu travailles beaucoup sur la couleur, notamment, pour les cahiers de tendances que vous faites pour vos clients. Chez toi, quelles sont les couleurs fétiches du moment ?

La couleur est effectivement très centrale dans mon job. Elle est souvent le point de départ de mes réflexions créatives. Je conçois beaucoup de gammes pour le maquillage, le packaging, le cuir ou la joaillerie aussi parfois. Cela peut paraître étrange mais chez moi, au contraire, j’ai besoin d’une pause, de calme. Mon indispensable, c’est le blanc. Ici dans ma maison, je travaille davantage sur ces textures, ces déclinaisons subtiles : Mat, crayeux, grisé, transparent ou patiné… le blanc permet vraiment de jouer avec la lumière. Et comme tout est très ancien ici, cela réveille tout en se mariant harmonieusement avec les matériaux anciens. J’accessoirise surtout avec de la déco : des coussins, un plaid, un tapis, et le tour est joué. On peut changer d’ambiance en 5 minutes.  

Depuis plus de 15 ans, tu noircis des “carnets d’idées” pour tes clients de la beauté ou du luxe. Si on ouvrait au hasard une page du dernier, que lirait-on ? 

En ce moment, je travaille sur la prochaine édition du Beauty & Wellness 24. J’y aborde des réflexions autour de l’héritage ancestral, une nouvelle vision de la nature, de la libération du corps et de méta-sensorialité à l’ère du trouble digital. Il sortira pour la rentrée 22. Et je collabore également sur la publication Couleurs / Inspirations, le best-seller de l’agence qui mélange évolutions des tendances socio-culturelles, grands courants esthétiques et univers coloriels.

Où as-tu placé ton tapis SAUDADE ?

J’ai eu un coup de cœur pour le tapis Lagos que j’ai découvert chez Merci à Paris. Il est archi doux, blanc comme j’aime, et lavable.

Il est dans mon salon, pièce centrale de la maison. Comme je change souvent de déco, il ira aussi très bien dans mon bureau quand j’aurai avancé sur mon projet. 

Ton tapis s’envole, il t'emmène où ? 

Il reste ici, avec moi ! Mon ailleurs en ce moment, c’est chez moi. Nous sommes encore en phase d’émerveillement local, chaque jour est une découverte. Ce serait dommage de ne pas profiter de cette exploration aussi banale que cela puisse paraître. Lors des dernières vacances, nous sommes rentrés plus tôt car la maison nous manquait.

Donc le tapis SAUDADE, il reste chez moi !! 

Si ton tapis pouvait parler, il nous dirait quoi de sa nouvelle famille ?

Que nous sommes une famille drôle, simple, gourmande et qui parle trop fort (la maison est grande). Un peu bordélique mais très joyeuse. 

Chez SAUDADE, on croit que tout le monde, objet comme humain, a droit à une seconde vie. Dans la tienne, que feras-tu ?

Je ferai de la permaculture ou je cultiverai des graines. D’abord parce qu’avoir les mains dans la terre, ça réactive le corps et ça vide la tête. J’ai remplacé la méditation par le jardinage. Ensuite, parce que vivre à la campagne concrétise des prises de conscience, comme celle de la valeur de l’eau, du respect des saisons, du recyclage…  Quand on vit en ville, cela reste malgré tout très théorique. Ici, on le vit, on l'éprouve et on a envie d’essayer de transformer cette prise de conscience.  

La Saudade est un mélange de nostalgie et d’espoir. Ton dernier moment de Saudade ? 

Je suis la Saudade. La nostalgique fait vraiment partie de moi. Alors quand mon téléphone me ressort une ancienne photo de mes enfants, j’ai toujours un petit pincement. Cela me montre à quel point la vie passe vite… 

T’es plutôt mère coussin ou dame tapis ?

Mère coussins avec un s, partout, tout le temps, accumulation XXL, sur les fauteuils, les lits, par terre, dedans / dehors. Je n’en ai jamais assez, le coussin, c’est le confort.

Tu es férue de déco, peux-tu nous donner tes coups de cœur du moment ?

J’adore la déco mais j’aime surtout l’idée de la trouvaille, pas forcément de « grandes » pièces : la semaine dernière une coupe en porcelaine à 5 euros a fait de moi la plus heureuse. Je passe beaucoup de temps dans les brocantes, j’achète peu d’objets neufs, j’aime l’idée du vécu d’un objet, de la transmission. Mais si je devais partager des objets « coup de cœur » je dirais : une lampe Toledo de Guzzini ou Grès de mon amie Aurélie Lecuyer, une table Tulip Saarinen, des enceintes Audiorama 7000 Grundig et des bougies Labogie ou Diptyque.

La question Saudadienne de la fin : l'objet chez toi qui incarnerait le mieux l'idée de la Saudade ?

Dans le jardin, on a des dépendances qui n’avaient jamais été vidées. On y déniche à chaque fois quelque chose de nouveau. C’est une vraie chasse aux trésors ! Chacun de nous s’imagine l’histoire de ces objets, hérités par hasard. C’est beau de se dire qu’on leur redonne une nouvelle vie, un nouveau départ !

Une maison à Lisbonne comme un songe en été
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L'oeil de l'artiste, la main de l'artisan.
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Matières à vivre.  Face à l'Océan
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